(je mets rien..... flemme........ et puis en plus je sais pas expliquer)
Dans la voiture qui nous ramenait à la maison, Léo me demanda s’il était un champion. Et ce, tout le long du chemin. Et je lui répondais chaque fois :
- ça, y’a pas de doute, t’es une vraie graine de champion !
et il me souriait de toutes ses petites dents.
Je posais ma raquette dans le couloir, bazardais mes chaussures dans le placard et montais me laver pendant que Jean préparait le déjeuner.
Je m’arrêtais à mi- hauteur de l’escalier. le samedi midi, c’était Chris et moi aux fourneaux. Je haussais les épaules et montais dans la salle de bains.
Je retirais mon t- shirt et me regardais dans la glace. Qui sait ? Christophe reviendrait peut- être narguer ma lucidité vacillante.
- T’es là ?
La vitre commençait à s’embuer. je l’essuyais du plat de la main. Et rien. Juste moi derrière une pellicule d’humidité.
- Tu peux me dire à quoi ça aura servi, tout ça ? la musique, les textes… t’as tout laissé… t’as rien prévu même si tu savais ce qui allait se passer… et t’as rien fais…
Je recommençais à avoir mal à la tête et la gorge comme prise dans une espèce d’étau. je pleure pas. J’ai déjà assez pleuré. Et puis je dois être assez grand pour maman et Léo.
Merde, je débloque ou quoi ? je pleure si je veux, je fais le ménage chez moi d’abord.
Je me retrouvais vautré sur le carrelage en train de pleurer dans une serviette de toilette. J’ai cru que ça ne pourrait plus s’arrêter, que je pourrais pleurer des heures entières. Sans doute un quart d’heure après, je me sentais vidé, hagard, l’air con agrippé à une serviette humide. Perdu. Chaviré. Chavirés les flocons du haut de leur nuage tranquille pour échouer dans nos paumes glacées déjà par les batailles de neige. Quand je courais avec toi dans les rues enneigées par la valse lente des fées de décembre, quand la nuit pesait encore sur les épaules du monde, et qu’on rentrait, les cheveux et les cils pailletés… pourquoi ?…
- Nolan, tout va bien ?
- Ouais ! je réfléchissais !
- Dépêche toi de réflechir, c’est prêt dans dix minutes.
Encore dix minutes. Dix petites minutes encore. C’est qu’on peut en faire des voyages en dix minutes. Pour se rappeller nos pas dans la neige et nos rêves plein la tête. La fraîcheur étourdissante de nos quinze printemps partagés. Maintenant c’est loin. Loin la neige, loin les flocons, loin ton sourire dans le paysage de mes souvenirs.
- Nolan ?
- Quoi encore ?
- C’est prêt.
« merde ! », je me disais en me levant. J’ouvrais grand la porte en libérant toutes les vapeurs. Jean me dévisageait et me demanda si j’étais prêt. Je secouais la tête et lui racontais ma petite absence.
Il posa sa main sur mon épaule sur mon épaule en me disant que ça irait. Je me retenais de rétorquer que si je soutenais tout le monde ici, moi qui me soutiendrait ? ce n’était pas parce que j’avais vingt et un ans que c’était plus facile pour moi d’encaisser. Charlie n’avait pas à éponger systématiquement toutes mes peines.
Je dégageais mon épaule pour enfiler un t- shirt dans ma chambre, m’attacher les cheveux et mettre mes lunettes.
En repassant dans le couloir, je jetais un œil dans la chambre de Christophe. J’avais toujours envie d’y aller mais j’avais comme une sorte d’appréhension à gérer son vide. Son lit était fait mais des livres traînaient encore, béants sur son bureau.
On mangeait en silence et il n’y avait que Léo pour ne pas se sentir crispé sur sa fourchette.
- Tu te sens prêt pour le tournoi ? hasarda maman.
- Je sais pas, je répondis sans lever les yeux.
Nouveau silence troublé par Léo qui faisait passer sa fourchette de pâtes devant moi en imitant l’hélicoptère.
- Mange tes pâtes proprement, Léo, s’il te plaît.
Il suspendit son geste, surpris. D’habitude, je rentrais dans son jeu.
- T’es fâché parce que je joue avec mes pâtes ?
- Non Léo, je suis juste fatigué…
Je finissais mon assiette en silence.
L’après-midi, je me concentrais au maximum pour aboutir à une ébauche de plan pour ma dissertation de littérature. Rien à faire. Mes neurones restaient aussi brumeux qu’un matin d’hiver. il aurait fallu que j’aie mon bouquin sur « les axes de lectures et les analyses de corpus ». il était introuvable. Je soupirais en me levant et fouillais dans ma bibliothèque, dans mon sac, dans les tiroirs de mon bureau, sous mon lit, sur mon étagère. Et rien. Nulle part. non plus dans la bibliothèque du couloir.
- Merde ! il est où ?
Je regardais la chambre de Christophe. Est- ce- qu’il me l’avait emprunté ? c’était pas impossible, mais je n’étais pas sûr.
Je rentrais doucement dans sa chambre comme dans un univers perdu. Une chambre avec une apparence de vivant rendue par l’ébauche de foutoir qui traînait sur son bureau. Je me dis que ça ne me prendrait que quelque minutes. Sous son lit, je voyais « les axes de lec… ». je me baissais et ramassais mon livre. Mais il y avait autre chose de planqué sous son lit. Je me baissais davantage et tendais la main vers le volume noyé dans l’ombre. je retirais une grosse boite à chaussures « customisée » par Christophe. Des morceaux de feuilles préparées et colorées supportant le texte de quelques chansons punk, des photos de lui, de moi, de Léo, des parents, de ses potes, de Ted, de Charlie…
Je souriais en me retrouvant devant sa boîte à secrets. Bien sûr que je la connaissais, cette boîte.
Je me redressais et m’adossais contre le bois du lit, la boîte entre les jambes. Je l’ouvrais. les caractères d’une lettre à mon nom me sautèrent à la figure. Mon estomac se contracta. Je la pris du bout des doigts. L’enveloppe n’était pas décachetée, je retirais la lettre en réalisant d’un coup que j’avais arrêté de respirer. Je la dépliais et commençais à la parcourir. Vers la première quinzaine de lignes, je sentis mes pupilles papillonner et suspendais la lecture. Il avait fait exprès avec mon livre, pour que je trouve la boîte, pour que j’hérite de sa jeunesse. Je froissais la lettre et la balançais à travers la chambre :
- Arrête de jouer avec mes nerfs, Christophe !
Mais je me relevais, ramassais la boule de papier froissé et la lissais du mieux que je pouvais.
- D’accord, je vais la garder, ta boîte…
Je posais le couvercle, ramassais mon livre en me demandant pourquoi il avait tenu à ce que ce soit moi qui m’en occupe. Il aurait très bien pu la passer à Ted. S’il avait cassé avec lui, c’était uniquement à cause de sa maladie. Je l’avais dit à Ted, qu’il n’avait rien à se reprocher.
Je posais sa boite au dessus de mon armoire et reprit mes brouillons.
Avant de me lancer dans ma rédaction, je griffonnais deux petits mots sur un post- it à côté du pot à crayon en équilibre instable au bod de mon bureau.
Plus tard, en feuilletant mon livre et en traçant mon plan, la boîte de Christophe avait fini par me sortir des idées. Je posais le point final pour clore mes réflexions vers dix sept heures et me calais dans le fond de mon siège en baillant.
Je jetais un œil sur le post- it, des fois qu’il me viendrait une idée. Mais comme rien ne se produisait, je me levais et quittais ma chambre pour celle de Léo.
Il faisait la sieste, bouche ouverte, et la nuque bercée par le traversin bleu. Il dormait en ronflant, les bras relevés comme pour un hold up imaginaire.
Je souris