À chaque période de l'histoire, dans chaque recoin du monde, dans chaque classe sociale, les hommes ont eu des problèmes qu'ils ont eu tendance à faire endosser par un ou plusieurs boucs émissaires. Bien que la société connaisse parfaitement l'injustice d'une telle pratique et son irrationnalité, c'est une habitude qui est loin d'avoir disparu. Cependant, lorsqu'on parle de bouc émissaire, c'est souvent pour parler de quelque chose de désuet, d'un fait historique, alors qu'au moment où cela arrive on n'admet jamais l'existence de ce phénomène (même si c'est plus ou moins explicite, bien évidemment, et au fond on peut très bien s'en rendre compte).
Bon. Où je veux en venir ?
En ce moment, en France, les journalistes et hommes politiques on selectionné trois parfaits boucs émissaires, dont on ne cesse de répéter à quel point ils sont dangereux :
- L'immigré
- Le jeune
- Le banlieuzard
(et évidemment, si on combine plusieurs de ces trois catégories...)
De tous temps, on a eu tendance à dire que les merdes venaient de l'étranger. L'étranger, de tous temps, c'est celui qui se ramène avec ses maladies, qui polue le sang pur de la société, qui pique le travail des locau, qui a parfois des coutumes bizarres et comme il ne parle pas la même langue, c'est un barbare sans éducation qui baragouine comme un animal. Il vient exprès pour déranger le pays et pour tuer tout le monde.
Tsssk.
L'étranger, du moins à l'heure actuelle, c'est quelqu'un qui fuit un pays dans lequel il est mal (parce qu'à cause d'un certain nombre de choses qui ont souvent été causées par le colonnialisme, d'ailleurs), parce qu'il y a parfois la guerre, des maladies, un dictateur ou un tat d'autres problèmes. Or, quand on est dans un pays de cauchemar, on ne va pas y rester juste pour faire plaisir aux pays développés. D'ailleurs, c'est marrant, mais l'immigrée Norvégienne (j'ai rien contre les norvégiens, hein, ma grand mères est norvégienne), on s'en fout qu'elle vienne en France, puisqu'on présuppose qu'elle a des sous et qu'elle est typée européene. Pourtant, on ne peut pas franchement dire qu'elle a de quoi fuir son pays. Mais dés qu'on est un minimum bazané, qu'on soit immigré récemment ou qu'on soit installé sur place depuis des générations, on se fait très souvent demander ses papiers. Vous savez, dans la constitution, il est stipulé que rien ne force à montrer ses papiers si on nous les demande. Et d'ailleurs, moi, on ne m'a jamais demandé de sortir une pièce d'identité de ma vie. Par contre, je connais plusieurs personnes qui, chaque fois qu'elles vont quelque part, se font stopper par des policiers qui regardent, au cas ou, et qui résultat sont forcés d'avoir en permanence leur carte d'identité sur eux pour éviter de perdre 10 heures à prouver leur nationnalité. Autrement dit, on se fie à la gueule du client. C'est pas du racisme, ça ? Je vous laisse méditer là-dessus...
Le jeune, lui aussi, a toujours fait peur à la société. Pourquoi ? Parce que la société est dirigée par des vieux, qui ont la certitude que les jeunes n'ont qu'une idée en tête : les supprimer pour les remplacer, parce qu'ils ont des moyens de plus en plus sophistiqués pour le faire et qu'ils ont adopté des concepts différents. D'une certaine façon, le jeune rempli le même rôle que l'étranger : il est le nouvel arrivant, et il est, à sa manière différent, donc on n'en veut pas. Le jeune est dépravé, il ne sait plus rien faire de bien, il se drogue, il boit et il ne se cultive pas.
De nouveau, c'est stupide.
La jeunesse subit les désavantages que lui ont laissé les anciens, ainsi que des désavantages qui se sont créés non pas à cause des jeunes mais à cause de la société, qui est quelque chose de beaucoup plus global. Par exemple, si beaucoup de jeunes fûment, c'est parce que beaucoup de vieux fûmaient aussi, et vivaient qui plus est à une époque où on ignorait - ou du moins ou on en avait rien à foutre - les dangers du tabac. Mais les jeunes ont aussi un bon nombre d'avantages qui, si ils font peur aux vieux, ne sont pas forcément condamnables (les jeunes sont, du moins à l'heure actuelle, plus tolérants, par exemple ; et avez vous déjà vu ces mythiques pubs anti-BD qui proclamaient "Nous, à notre époque, on faisait de strucs de scoots hyper dangereux, on se tapait avec des couteaux, on se roulait dans la boue... mais au moins on ne passait pas notre temps à lire des bandes dessinées" - ton d'épouvante - ?), et sont souvent le fruit d'un progrès, dont les vieux ne s'accordent à citer que les aspects négatifs.
Et enfin, on a le banlieuzard. Aaah, le banlieuzard. Ca, c'est une catégorie rigolote, parce qu'elle ne correspond à rien. Combien de fois ais-je entendu dans le train, à Cormeilles, à Herblay ou à Carrefour, des gens qui disaient "Mais quand même, ces jeunes dans les banlieues...", alors que les gens en question étaient souvent jeunes et... En banlieue, mais ne semblaient considérer que le banlieuzard, c'est toujours un autre, et mine de rien ils en avaient peur. Les deux autres catégories sont absurdes et injustes, mais cette classe là, en plus, est une catégorie dans laquelle personne ne se reconnait o_O. Ca m'éclate. Bon, vous me direz, il y a quand même une différence entre certains quartiers d'Argenteuil (même si c'est une ville assez sympa, que j'aime bien) et Cormeilles en Parisis (même si j'y habite et que je trouve ça morbide XD). Mais la "banlieue" telle qu'on nous la montre aux infos n'est qu'une terrible compilation de tous les trucs glauques qui se passent autour de paris (et la banlieue parisienne, c'est grand, ça englobe énormement de monde), et les gens qui habitent à la campagne doivent avoir l'impression que les alentours de paris ne sont qu'un no man's land peuplé de gens violents qui font tous les jours cramer des voitures. J'adore.
(Bon, il y a peut être certaines maladresses dans mes formulations, mais j'ai beaucoup tapé et je suis fatiguée, donc m'en voulez pas ^^)