Lune de lait Soleil de miel
La femme plonge dans l’eau tiède
Le petit pied blanc n’est déjà plus visible, bientôt la cheville fine et soignée
disparaîtra dans le lait nacré et odorant.
Elle s’enfonce doucement, une petite main aux doigts soignés pour seul appuie,
Fragile, gracieuse, elle est radieuse sous sa peau nue.
Elle descend les marches inondées d’eau laiteuse. Elle mouille son épaule, ses seins, pressant une éponge, faisant tinter son bracelet d’or.
L’eau coule sur ses hanches, passant par son nombril, y laissant quelques gouttelettes aux reflets d’ivoire. Un rayon de soleil illumine son corps au travers des vitraux. Les colonnes et les mosaïques se teintent des couleurs de l’arc-en-ciel. Les dieux et les héros s’animent et l’accompagne, pour une joute finale. Les lys dans le vase embaume l’air de l’immense pièce des thermes. Elle n’est pas seule, une dizaine de femmes l’a regarde, elle jouit d’une attention sans égal. Elle est belle et elle n’est pas n’importe qui. Ses grands yeux noirs sont les perles de son visage fier. Ses cheveux de jais flottent maintenant dans l’eau claire. Des boucles apparaissent sur ses joues roses. Elle relève sa crinière en un chignon désordonné laissant apparaître un délicieux petit duvet sous son bras gauche. Elle fait quelques pas. Des bulles se pressent à ses hanches pour la saluer, cette divinité laissant sur sa peau douce un parfum de fruits aux mil couleurs. Elle est attendu, regardée, admirée, cette reine de papyrus aussi forte que le marbre et aussi précieuse que l’or. Elle a, en son sein, le trésor le plus précieux pour son monde et celui à venir.
Mais elle n’a d’yeux que pour son ventre, rebondi déjà.