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 le Pull- Over Rouge

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Valesco
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Valesco


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MessageSujet: le Pull- Over Rouge   le Pull- Over Rouge EmptyMer 6 Sep à 14:29

C'était en France, en 1974, quand la peine de mort était encore en vigueur en France...

LE PULL- OVER ROUGE ETAIT TROP GRAND

L’affaire Ranucci : Christian Ranucci a été condamné pour le meurtre d’une fillette au deuxième soir de son procès, malgré ses dénégations et de nombreuses zones d’ombres. Il a dit à ses avocats avant son exécution, en 1976 : « Réhabilitez- moi ! ».

Dans la matinée du 3 juin 1974, devant un immeuble HLM d’un faubourg de Marseille, Marie- Dolorès Rambla, 8 ans, monte dans une voiture dont le conducteur déclare avoir besoin d’aide pour rechercher un chien perdu. Le frère de la fillette, Jean, 6 ans, assure que la voiture était une Simca 1100. Un garagiste qui se trouvait dans les parages confirme.
Plus tard, le même jour, à une vingtaine de kilomètres de là, une Peugeot 304, brûlant un stop, heurte assez violemment un autre véhicule et prend aussitôt la fuite. Des témoins de l’accident, Alain et Aline Aubert, poursuivent le fuyard qui doit s’arrêter rapidement, sa voiture étant trop endommagée. Ils le voient courir vers les collines où il disparaît.
Il faudra près de vingt heures pour que les enquêteurs établissent un lien entre l’enlèvement et l’accident. Le 5 juin, le chauffeur de la Peugeot déclare qu’un enfant « pouvait » être à bord. Les époux Aubert complètent aussi leur déposition en ajoutant que l’homme en fuite portait un « volumineux paquet ». Peu après, le corps de Marie-Dolorès Rambla, portant les traces de plusieurs coups de couteau, est découvert là où l’inconnu a disparu à la vue de M et Mme Aubert.
Identifié par son numéro d’immatriculation, le propriétaire de la Peugeot, Christian Ranucci, 20 ans, représentant de commerce, est arrêté chez lui, à Nice. Il admet l’accident mais nie le meurtre. Lors d’une première confrontation, les Aubert ne le reconnaissent pas. Ils finissent toutefois par le faire en revenant sur leurs précédentes déclarations : au lieu d’un gros paquet, il parlent d’un enfant portant un short.
Soudain Ranucci s’effondre. Il avoue et, ce qui est plus accablant, va jusqu’à guider les enquêteurs vers l’endroit précis où il a dissimulé l’arme du crime, un couteau à cran d’arrêt, dans une champignonnière. Sur ce site, un pull-over rouge est aussi récupéré mais cet élément sera négligé avant de devenir le symbole de la défense –posthume –de Ranucci. D’autres négligences seront commises durant l’instruction, comme l’enregistrement de la description du couteau, la veille de sa découverte…
Commis d’office, Me Jean- François Le Forsonney, 25 ans, avocat stagiaire au cabinet de Me Paul Lombard, n’a pas la tâche facile. Dans la Peugeot de Ranucci, un pantalon maculé de sang (du même groupe que la victime) et un cheveu semblable à ceux de Marie- Dolorès Rambla ont été trouvés. En outre, Ranucci est difficile à saisir. D’abord il dit à l’avocat : « C’est obligatoirement moi ». Puis, lors de la reconstitution, il s’écroule en pleurs et répète : « Je ne me souviens pas ».
Des psychiatres estimeront que cette amnésie est simulée. Ranucci soutient que, le 3 juin 1974, il était à demi conscient pour avoir trop fait la fête la nuit précédente. A la fin de l’instruction, il revient sur ses aveux et clame son innocence.
Le 9 mars 1976, le procès s’ouvre devant la cour d’assises des Bouches du Rhône dans un climat très lourd : à Troyes (Aube), Patrick Henry a été arrêté le 17 février pour l’enlèvement et le meurtre d’un enfant. La campagne lancée depuis des années par Me Robert Badinter contre la peine de mort est brusquement contrée par un fort mouvement d’opinion. Une foule hostile se presse devant le palais de justice d’Aix en Provence.
Le jury ne peut l’ignorer, pas plus que les propos du ministre de l’intérieur Michel Poniatowski : « Si j’étais juré, je me prononcerai pour la peine de mort ». Me Lombard, qui a rejoint la défense, évoque « une France en colère » en souhaitant qu’elle ne pèse pas sur les débats. Mais ceux- ci vont surtout être troublés par le comportement de l’accusé lui- même. Ranucci se montre arrogant et imprévisible. Il affirme que les policiers l’ont « torturé » pour lui extorquer ses aveux, ce qui entraîne cette réplique d’un commissaire : « Vous êtes un monstre ! ». Me Le Forsonney le confesse aujourd’hui ; « pendant le procès, il nous a échappé ». Les avocats ont beau souligner les incohérences du dossier, la fragilité des témoignages à charge, la condamnation à mort est prononcée dès le deuxième soir du procès.
Ranucci s’en remet alors à la grâce du président de la République. Il n’est pas le seul à espérer. Avant d’être élu, en 1974, Valéry Giscard d’Estaing avait déclaré « son aversion profonde » pour la peine capitale. Mais le recours est rejeté. Le condamné est exécuté le 28 juillet 1976, après avoir dit à ses défenseurs : « Réhabilitez- moi. »
En 1978, Me Jean- Denis Bredin demande en vain la révision du procès, tandis que l’écrivain Gilles Perrault publie le Pull- Over Rouge. Le livre fait valoir le doute, rappelle que le pull était trop grand pour Ranucci et d’une couleur ignorée de ce dernier, que le petit Jean et le garagiste n’avaient pas reconnu Ranucci, que le mobile n’était pas vraiment établi, bref, laissant à penser qu’un autre homme aurait pu croiser la route de Ranucci et s’être servi de lui.
Inspiré du livre, le film de Michel Drach sort l’année suivante, et penche nettement pour l’innocence, au point de provoquer des remous en Provence. Dernier rebondissement : le journal belge, Le Soir, indique, en janvier 2006, que Michel Fourniret, poursuivi pour une série de crimes, se serait trouvé à Marseille en juin 1974. La justice n’a pas donné suite.
Trente ans après le procès d’Aix en Provence, les opinions restent patagées. Mais comment ne pas convenir qu’un principe de droit fondamental a très insuffisamment été observé, celui selon lequel le doute doit profiter à l’accusé ? Malgré tout, l’exécution de Christian Ranucci aura donné des arguments pour l’abolition de la peine de mort en France en 1981.

Source : Le Monde, dimanche 23- lundi 24 juillet, article de Francis Cornu
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