Nos récentes discussions ont fini par me rappeler une rencontre faite il y a un peu plus de 2 ans à Go Sport, alors que j'y étais encore vendeur.
Un client raconte une histoire à 2 de mes collègues qui semblent pour le moins atteré au vu de leur expression. Ne connaissant pas personnellement le client en question, et ayant de toute façon à faire, je continu mes petites affaires.
Quelques minutes plus tard le client s'en va et je demande vite fait à mes collègues qui était ce monsieur. Ils m'expliquent que c'est un bon client (stewart à British Airways... vous verrez par la suite que c'est un détail qui compte), et qu'il leur racontait s'être fait tabassé récemment pas des policiers.
La suite, je laisse l'article qui suit vous l'expliquer.
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« Je t'emmerde et je te mets un PV »
(Liberation 18/05/2004)
Un Réunionnais insulté et frappé par des policiers à Paris pour avoir traversé hors des clous. Dimanche 9 mai, à 23 h 30, Patrick Marouvin, 35 ans, steward natif de la Réunion, sort du métro Château-Rouge à Paris et traverse la rue pour rejoindre son studio en face. Depuis une voiture de police garée à l'angle des rues Poulet et Custine, un agent l'apostrophe, agressif : « T'as pas vu que le feu est vert, là ! Allez, casse-toi et fais gaffe la prochaine fois ! » L'ex-majordome de la marine nationale réplique : « Vous n'avez pas à me tutoyer ni à me manquer de respect. » Le « très jeune flic blond-châtain » l'interpelle : « T'es un rigolo, je te tutoie et je t'emmerde, je te mets un PV. » Une contravention à 4 euros pour « piéton traversant en dehors du passage ». Attendu chez lui, Marouvin remet sa carte d'identité aux trois policiers, propose de la récupérer le lendemain au commissariat avec le PV : « Je rentre chez moi. » Le voilà interpellé à la hussarde, bras et tête maintenus en arrière, menottes serrées, et victime d'un violent coup de genoux dans les testicules.
Il appelle : « Au secours ! » Une main se plaque sur sa bouche. Ils l'embarquent. Le benjamin des flics lui rappelle ses origines, « chez toi, tu ferais pas ça », lui souffle sa fumée à la figure et menace : « Un huissier viendra te voir et tu casqueras tous les mois, toute ta vie. »
Du commissariat central du XVIIIe, les mêmes le conduisent au service d'accueil, de recherche et d'investigation judiciaire (Sarij), rue de la Goutte-d'Or. Garde à vue pour « outrage et rébellion ». Marouvin refuse de signer le PV de ses interpellateurs. Il réclame en vain un médecin. Il veut assister à la fouille de ses affaires : « J'ai trop peur qu'ils me rajoutent quelque chose comme dans Midnight Express ou qu'on me prenne de l'argent, c'est un tel cauchemar. » Il se retrouve dans la « cage » avec « des drogués ». « J'ai du mal à croire que je suis en France. Mes testicules ont triplé de volume. Toutes les dix minutes, je demande à aller aux toilettes. » Bientôt, le blessé suffoque à terre. Un gardien de la paix déboule, « croit à un cinéma », et le gifle « 4 ou 5 fois ».
Enfin, au bout de trois heures de garde à vue, sans audition ni examen médical, une patrouille le transporte à l'Hôtel-Dieu : « Du miel, des anges, ces policiers-là. Ils m'ont rassuré et se sont excusés : "On n'est pas tous comme ça." » Les médecins de l'Hôtel-Dieu l'ont expédié d'urgence au service d'urologie de l'hôpital Tenon. Les chirurgiens l'ont opéré le lendemain : hydrocèle et risques de stérilité, arrêt de travail jusqu'au 31 mai. Son avocat, Julien Dreyfus, a dénoncé hier ces violences policières à l'Inspection générale des services et déposé plainte avec constitution de partie civile . Le steward a reçu ses objets laissés au commissariat avec deux PV en plus : « Jet de détritus sur la voie publique », « Cris et vociférations de nature à troubler la tranquillité du voisinage ».
Par Patricia TOURANCHEAU
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Sur un autre site, j'ai pu avoir à l'époque ce complément d'information :
APATHIQUE RÉUNION
Petit détail qui n’a aucune importance : Patrick Marouvin est noir. Petit détail qui a son importance : Patrick Marouvin n’est pas un “jeune sauvageon” de banlieue désargenté et sans éducation,
il porte plainte devant plusieurs juridictions. Petit détail salutaire pour les rares infrastructures publiques encore débouts sur l’île de beauté, Patrick Marouvin n’est pas Corse.... Parce qu’assez curieusement, cette affaire de bavure caractérisée, bien connotée de discrimination raciale, n’a pas ému grand-monde à la Réunion, sur l’île natale de la victime, ici, chez nous. La classe politique locale, plus inféodée que jamais aux responsables Parisiens, n’a pas soulevé le moindre murmure d’indignation. Pas plus (ou si peu) de réactions venues du tissu associatif... Pourtant, le Saint-Paulois garde des séquelles du passage à tabac, et à ce jour, il n’a toujours pas repris le travail. L’employé de British Airways perd en outre d’importantes primes de vol dans une législation du travail anglaise beaucoup moins “providentielle” que la nôtre quant à la gestion des arrêts-maladie et autres incapacités de travail. C’est sur ce constat d’une totale indifférence des responsables locaux tout horizons confondus, que le docteur Max Rallon a décidé de mobiliser l’opinion sur cette histoire, dont la gravité n’est semble-t-il pas appréciée à sa juste valeur.
Avec le président du Groupe de recherche sur l’archéologie et l’histoire de la terre réunionnaise (Grather), Marc Kichnapanaïdou, l’ancien radiologue a monté un comité de soutien qui en appelle à toutes les bonnes volontés. Max Rallon, considéré comme un notable sur une île dont il a activement participé au développement économique et hospitalier, a déjà adressé plusieurs courriers aux élus locaux, au ministre de l’Intérieur, ainsi qu’au Président de l’Assemblée Nationale.
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Depuis, j'ai eu beau faire, impossible de savoir ce que le procès a donné. (si jamais vous trouver par hasard une info d'ailleurs, je serai ravi de la lire)
Tout ça vous inspire quoi ? (au-delà du dégout, d'un point de vue plus intellectuel)
Qu'auriez-vous fait à sa place ?
Eddy