Petit poème d'un ami (je sais qu'il n'osera jamais le poster lui- même, vu qu'il est très critique sur ses productions)
La Violoncelliste
Dans une petite chambre encombrée,
Un petit pupitre tient les partitions.
Il attend,
Il l’attend.
La chambre frémit d’impatience.
Elle arrive enfin,
Sort le bel instrument,
Le serre entre ses jambes, tout contre elle.
Son coffre solide reste ouvert sur le lit,
Noir dehors, écarlate dedans,
Comme une coquille découpée.
Il s’installe,
Souverain de son petit domaine,
Mais il courbe sa tête et la pose tendrement
Sur son épaule.
Il attend aussi,
Il l’attend aussi.
La porte ne grince plus,
Les feuilles ne chuchotent plus,
Le chat ne ronronne plus,
Tout est clame
Tout attend
Tout l’attend.
Lentement, elle pousse l’archer sur les cordes.
Le bois vibre au rythme des notes graves.
Au rythme de son souffle,
L’archer va et vient,
Chatouille les cordes.
Ses doigts valsent gracieusement,
Sur le manche noir,
Noir comme les notes dans ses yeux.
Il chante pour elle, par toutes ses fentes
Par ses larges courbes solides,
Pour elle, pour ses belles courbes vivantes.
Il sent son cœur battre lentement contre son bois
Il sent la vie contre son beau bois mort
L’instrument finit son air,
Un autre commence.
La pluie bat les carreaux,
Le chat miaule soudain,
La porte claque, les feuilles volent partout,
La chaise grince maladroitement,
L’eau roucoule dans les tuyaux.
A nouveau du bruit dans la petite chambre,
Comme une ovation silencieuse
Pour le chant grave du maître.
Pensive, elle range l’instrument
Encore tout tiède.
Jérôme A.