Morgane est sans nul doute l’un _si ce n’est le_ personnages le plus complexe de la mythologie arthurienne Selon la tradition, elle serait nièce de Viviane, cousine de Lancelot, femme d’Urien, mère d’Yvain en plus d’être la sœur d’Arthur Cependant ces liens filiaux sont à relativiser : dans la chronologies des textes, Morgane est d’abord sans lien de parenté avec quiconque, puis elle est dite sœur d’Arthur, et enfin faite fille d’Ygerne et du duc de Tintagel Elle garde tout de meme une de ses principales caractéristiques :c’est une véritable magicienne, initiée par Merlin (gardons tout de même à l’esprit que les auteurs de la fin du moyen age ont transformé cette enchanteresse en sorcière) D’ailleurs on l’appelle souvent Morgane la fée (Morgain le fay), la fée étant un être bon qui fait usages de ses pouvoirs magiques pour faire le bien (ça veut dire ce que ça veut dire !!!). De plus, en vieux-breton, le mot morgan désigne un être féerique résidant au fond de la mer (nous verrons l’importance de la mer). Enfin, il est probable que le mythe de Morgane et d’Avallon étaient répandus chez les lettrés de l’Antiquité (le géographe grec Strabon fait référence à une île, habitée par des sœurs) ce qui témoigne de son ancienneté.
Geoffroy de Monmouth ( premier auteur-retranscripteur chrétien de la légende arthurienne) ne fait aucun commentaire sur des possibles liens de parenté entre la fée etr le roi Il devait surement s’adresser à des gens connaissants le personnage et n’ayant aucun besoin de précisions ; ce qui laisse supposer l’existence d’une tradition séparée (tout comme Merlin : dans les plus vieux textes gallois, il n’y a aucun rapport entre l’enchanteur et le roi).
Dans certain récits, Morgane (Morgue) est mariée à Urien, souverain du pays de Gorre, appelé aussi île de Voire ou de Verre. C’est un nom caché d’Avalon. Il est possible que l’auteur n’ait pas bien compris le rôle de Morgane, et s’est contenté d’énoncer les informations qu’il avait recueilli.
Cette imprécision conduisit rapidement à une confusion. En effet, Morgane dans beaucoup de textes se substitue à Morcade (appelée aussi Morgause ou Ena, ou encore Anna). Simplement due au départ à une confusion des prénoms Morcade et Morgane, ce lapsus fut à l’origine d’une dérivation complète du personnage (Arthur ayant commis un inceste avec Morcade, et Morgane étant une puissante magicienne, le résultat fut une sorcière maléfique, froide et calculatrice.
Il y eut également une confusion entre Morgane et Viviane.
Viviane est aussi appelée Niniane, Niviene,, ou encore Nimuë. Les différents noms sont importants à connaître car ils sont à l’origine de liens auxquels on ne penserait pas : ainsi Nemen, proche de Nimuë est un nom irlandais accolée à la déesse Morrigan, ce qui n’est pas pur fruit du hasard. C’est Viviane qui emprisonne Merlin dans la forêt de Darnantes après lui avoir « subtilisé » la formule, ce qui n’est pas sans rappeler la tradition du Val Sans Retour. Au cœur de la forêt de Brocéliande, dirigée par Morgane ( ce n’est là sûrement qu’une amplification du caractère trompeur et punitif de Viviane, non de Morgane), les amants infidèles ne peuvent en sortir.
Cette confusion entre Viviane et Morgane persiste toujours malgré la re-découverte des plus anciens textes Ainsi dans Excalibur de John Boorman (1981), c’est encore Morgane qui emprisonne Merlin.
Des historiens et mythologues se sont aperçu que beaucoup de fée arthurienne portent un nom terminant par le suffixe –ane. Petit rappel : Ana (également appelée Modron) est la grande déesse celte, la déesse mère ( en Bretagne son souvenir est resté dans les mémoires à l’état latent comme en témoigne sa patronne : sainte Anne !). Cependant, on peut voir en ce suffixe qu’une simple coïncidence compte tenu de la suite.
Chaque prénom ou presque a une signification, une origine latine, grecque, germanique (par exemple Antoine vient du latin antonius, inestimable). De plus, souvent dans les récits mythologiques le prénom n’est pas le fruit du hasard. Le caractère et le prénom du personnage sont liés, sans qu’on puisse déterminer qui lequel dérive duquel (c’est comme l’œuf et la poule !). Le caractère de Morgane s’étant peu à peu dissout sous l’influence chrétienne, pour retrouver son tempérament originel, il faut étudier la signification de son nom.
Là, deux thèses s’opposent, sans être ni contradictoires, ni infondées.
Certains font dériver Morgane de mori – gena, celle qui est née de la mer. Cette explication est plausible puisque la Morgane originelle était l’aînée des neufs sœurs régnants sur Avallon (aux yeux des continentaux, elle viendrait de la mer).
D’autres font dériver ce prénom de mor – rigain, c'est-à-dire la grande reine. Même si elle est présentée dans plusieurs textes arthuriens comme reine (au coté de son mari Urien), on peut y voir deux explications plus plausibles. D’abord Morgane est la reine D’Avallon, ïle paradisiaque ; ensuite entre Mor-rigain et Morrigan il n’y a qu’un pas. Le fait qu certains auteurs dénomme la fée Morgane accrédite ce fait.
J’aime à croire que le personnage de Morgane est liée à ces deux thèses. Après tout, n’est elle pas la reine du royaume d’Avallon, royaume qui es t en fait une île ? De toute façons, Morgane représente l’incarnation suprême de la souveraineté par ces deux faits (c’est la reine du Paradis !!).
Nous l’avons dit : c’est un personnage complexe, il faudrait ajouter riche. Markale en dit que c’est « la Vierge qui fait peur, la Vierge qui engloutit, la Célibataire, l’Indomptable, à la fois vierge et putain, Mère de tous ceux qui ont été ses amants » (la femme celte).(ici, vierge a pour sens indépendante vis-à-vis des hommes). Il faut tout de même relativiser, Jean Markale a un léger penchant pour l’amplification, mais l’idée de fond est là : Morgane est une indépendante (vis-à-vis des hommes et de la société).
C’est aussi, par ces caractéristiques, la femmes fatale du cycle arthurien ( belle, indépendante, qui a du pouvoir et du charme, magicienne…)
Il est intéressant de noter l’évolution du caractère de Morgane selon le contexte extérieur. La résurgence du mythe a eut lieu au XIIème siècle, c’est l’époque le la fin’amor, l’amour courtois. La fée est pour les hommes un sujet de fascination, Morgane, malgré quelques confusions, reste à peu près fidèle au personnage originel. Mais à la fin du moyen age, marquée par une recrudescence de la misogynie , Morgane devient maléfique, mangeuse d’hommes(c'est-à-dire les caractéristiques de Viviane) : une sorcière !
La question à poser est pourquoi. En effet, pourquoi transformer la fée en sorcière ? Nous l’avons dit, Morgane représente l’indépendance, une indépendance extrême. Cette indépendance reflète une autre symbolique. Morgane c’est l’expression d’une certaine révolte contre l’autorité masculine, révolte aussitôt réprimée dans ce moyen age misogyne.
Le premlier écrivain chrétien de la "saga", Geoffroy de Monmouth fait allusion à l’enchanteresse Morgen dans un de ses romans. C’est ce même auteur qui, plus tard introduira le personnage Morgain comme il l’appelle dans sa vita merlini. Avait-il fait le lien entre ces deux noms pourtant phonétiquement proches ? Il est probable que non. Mais ceci conforte la thèse selon laquelle Morgane est un personnage à part entière, sans aucun lien avec Arthur.
Les explications succinctes des dictionnaires affirment que les origines de Morgane sont divines et apparentées Soit à Modron soit à Morrigan. Pour informations : Modron appelée aussi Ana est la déesse mère celte tandis que Morrigan est une déesse irlandaise cruelle et guerrière (c’est elle qui provoquera la mort du héro Cuchulain)
Nous avons vu que Morgane était une femme fatale (ses amants sont indénombrables), hors cet aspect de la sexualité (libre voir même très développée !!) est un des caractéristiques de la déesse celtique et il va de pair avec la souveraineté (dois-je préciser chez les celtes ?). D’ailleurs son noml ( mor – rigain), attaché à la souveraineté, ne fait que confirmer cette idée.
Dernière chose, une confusion intéressante à exploiter. Nous avons vu que Morgane avait été confondue avec Morcade que certains auteurs ont appelés Anna . En assimilant Morgane à Anna, les transcripteurs souvent mal informés ont fait de Morgane (qu’ils croyait être Morcade) Ana, la grande déesse. Involontairement, ils appuient la thèse selon laquelle Morgane serait un des visages de la grande déesse.
Le portrait généralement fait de Morgane est celui d’une femme tantôt bienveillante et dotée de grands pouvoirs de guérisseuse ( c’est elle qui a pour charge de soigner Arthur de ses blessures sur l’île d’Avallon), tantôt séductrice et maléfique.
Vous qui avez lu cet article jusqu’au bout( !), maintenant vous pouvez corrigez ce petit résumé que l’on trouve dans nombre de dictionnaire.
A charge pour vous de faire la conclusion ; Le meilleur résumé sera récompensé par…….un pot de nutella !!!!(plein)