Je poste ici un message d'une de mes amie. Elle s'appelle Fanny et fait des études de lettre. il y a 2 ou 3 semaines elle m'a envoyé un mail avec le texte suivant. Après lui avoir demander l'autorisation je publie ici son mail. Je crois que c'est sans commentaire à faire en réaliter. C'est peut etre simplement un appel à la réflexion et un appel à etre moins égoiste.
Lundi, je suis allée à la fac pour régler un problème de réinscriptions en deuxième année de licence.
Lui, je l'avais déjà croisé à l'aller et pour le retour, je décidais de prendre le même chemin pour voir s'il était toujours là . Je l'avais remarqué depuis un petit moment mais j'hésitais encore à lui parler. Donc en retournant prendre mon bus, je passe à côté de lui, la trouille collée au ventre en me demandant si j'allais le faire... Je suis passée devant lui, j'ai fait deux pas et je me suis arrétée. Je pouvais plus avancer, comme si je risquais de passer à côté de quelque chose si je laissais tomber. J'ai fais marche arrière et je me suis assise à côté de lui...
Il m'a regardée m'asseoir sans vraiment trop comprendre, il a gardé ses mains crispées sur la bouteille de vin emballée dans un petit sac plastique. Il était certainement saoûl. On a parlé un peu, des questions simples, comment il s'appelle, s'il avait mangé, ce qu'il boit, juste histoire de parler... Il était gentil, pendant que je lui parlais, il ne m'a pas "dévisagée de haut en bas" mais m'a regardée dans les yeux au contraire de ces sales types qui n'ont rien d'autre à foutre que de mater celles qui passent (et parfois pire...). Oui, il était sale, portait des vétements miteux, une barbe de quatre jours et avait des yeux rougis par ce que personne n'aimerait vivre. Et pourtant... ça ne m'a pas empéché de m'asseoir à côté de lui, et pas du bout des fesses. Je ne suis restée que cinq minutes à parler avec lui mais ça faisait peut- être cinq minutes de bonheur dans une journée de merde. Qui a envie de se retrouver à la rue?
En rentrant à la maison, je me sentais bizarre. Ma petite maison, qui n'est pas particuliérement grande, a pris des allures de palace; allumer la lumière, couper une tomate, fermer une porte ou monter l'escalier m'ont paru être d'un luxe... auquel je suis habituée pourtant. Est ce que ça vous parait logique, à vous, que des gens se retrouvent à la rue, quand d'autres passent à côté d'eux sans même un regard? Qu'il y ait autant de sdf alors que des associations s'occupent de les héberger? Moi, je ne trouve pas cela normal, mais avec mes deux mains et mes dix doigts, je ne peux pas faire de miracle... mais je tenais quand même à vous dire tout ça.