Un opéra de Mozart, mettant en scène Mohammad, reprogrammé à Berlin.
Idoménée, l’opéra de Mozart retiré de l’affiche cet automne à cause d’une scène controversée autour du prophète Mohammad puis reprogrammé au nom de la liberté d’expression, a été rejoué hier à Berlin, mais certains responsables musulmans invités par le gouvernement étaient absents. Le Deutsche Oper, dans l’ancien Berlin-Ouest, était placé sous étroite surveillance policière pour la représentation. Plusieurs télévisions allemandes ont annoncé des émissions spéciales autour de l’œuvre de Mozart datant de 1781, dans la mise en scène de l’iconoclaste Hans Neuenfels.
L’intérêt a encore grandi avec les désistements du secrétaire général du Conseil central des musulmans d’Allemagne, Aiman Mazyek, et du président du Conseil de l’Islam, Ali Kizilkaya. « J’étais et suis toujours fermement opposé à la déprogrammation d’Idoménée », a rappelé M. Mayzek au Tagesspiegel. Mais le responsable religieux se sent « politiquement instrumentalisé ». « La liberté de l’art doit être préservée et la représentation doit pouvoir avoir lieu », a souligné de son côté M. Kizilkaya. Cependant, la liberté suppose aussi que « chacun puisse choisir de ne pas aller » assister à une mise en scène « sans goût et irrespectueuse ».
Au cœur de ces reproches : la scène finale imaginée par Neuenfels, au cours de laquelle Idoménée, personnage issu de la mythologie grecque, dépose sur des chaises les têtes barbouillées de rouge de Mohammad, Bouddha, Jésus et du dieu grec Poséidon. Cette image choquante, passée quasiment inaperçue lors de la première représentation en 2003, doit symboliser sa révolte contre la toute-puissance divine. Ce tableau avait été à l’origine du retrait de l’affiche de l’opéra fin septembre, qui devait être joué en novembre. La directrice du Deutsche Oper, Kirsten Harms, avait invoqué des risques de représailles islamistes, tout en reconnaissant ne pas avoir reçu de menaces concrètes. Après un immense tollé dans la classe politique allemande, elle était revenue sur sa décision
Source : l'orient, le jour.