Arbre Penché et autres textes

Arbre Penché

Les traces étaient nombreuses et profondes dans la plaine de Flèche Brisée. Le vieux chef indien regarda à l’horizon et parla dans la vieille langue de la tribu. Il raconta les vieilles histoires des saisons passées, que son grand père déjà, il y a longtemps, lui avait raconté. « A l’époque, dit-il, la terre était plus riche, le ciel était plus bleu et l’eau plus clair. La plaine, quand elle s’emplissait du tonnerre des animaux n’était pas troublé par les coups sourd des bâtons cracheurs de feu des hommes blancs. L’aigle sauvage venait encore sur le tipi du sorcier. Aujourd’hui les bisons, sont peu nombreux, le bruit d’orage qu’ils font n’est plus qu’un murmure face au ronflement des boites de fer roulant sur les chemins de terre noire et dure. Les nuages de poussière qui s’élevaient dans la plaine derrière les animaux, on fait place au panache de fumée des cheminées des maisons étranges des hommes blancs, des fumées qui ne servent pas à faire des signes à quiconque. » Le chef était triste en disant tout cela, Arbre Penché pleurait. Il parait que l’on appel cela, civilisation.[i]

Harmonie

Autour du feu, dans la pénombre d'un soir sur la grande plaine, le Chaman chante la beauté toute proche. Tout le monde est réunis pour le Pow Wow; les enfants ont joués toute la journée pour chasser le Coyote. Le vieux sorcier s'adresse au ciel, aux arbres, au moindre brin d'herbe de la vallée, et à toutes les étoiles. Il parle des ancêtres, qui ont connu l'harmonie: " C'était avant les guerres entre les tribus, c'était avant que l'homme blanc n'arrive, c'était avant. " Alors, ils se mirent à appeler les Esprits. Et sur leurs têtes, ils sentaient le poids de la poussière d'avenir, le poids de l'harmonie disparu, mais sans cesse revenu. " Un jour " dit le chaman, " Un jour, la nature immortel, trop bafoué, trop torturé, appellera à nouveau les Hommes à l'avenir. "

On dirait du Hyam Yared, dans un autre contexte...

Anasazi

Sous le tipi, Loup Dressé restait fasciné. Dans la pénombre se dessinait le visage usé, creusé, émacié mais chargé d'humanité d'Anasazi. La vieille dame faisait des gestes lents, elle tenait dans ses mains un vieux collier de plumes et de dents. " Que veux-tu ? " demanda-t-elle au jeune Loup Dressé. Après avoir attendu un instant, et après avoir vaincu son appréhension, il ouvra la bouche et dit : " Je veux savoir qui je suis. Qui je suis dans ce pays, qui je suis aujourd'hui. " Anasazi respira longuement et songea, comme le font les gens qui ont vu beaucoup d'années. " Quand as tu vu le jour ? " demanda-t-elle. " Il y a 20 saisons de chasse. " Répondit Loup Dressé " Tu es jeunes mais ton interrogation est déjà profonde. Tu es l'avenir. Tu es ce que tu fera dans ce monde." Mais tout cela, il lui semblait qu'il le savait déjà. Et la vieille dame, alors, tendit le collier de plumes et de dents au jeune Loup Dressé, il le mit autour de son coup et sortit avec, comme seul autre réponse.

Hirondelle Blanche

Le vieux chef indien avait envoyé Loup Dressé au delà de la plaine de Flèche Brisée, loin là-bas vers la ville des hommes blancs. Avec son père, il avait fumé la pipe avant de partir en évoquant quelques vielles histoires de la tribu à propos de la ville. Le jeune Loup Dressé, dû marcher longtemps le long de la piste noire et dure pour arriver chez les hommes blancs. Il posait un regard curieux mais froid sur les murs des bâtiments qui lui semblait trop grand. Loup Dressé s'arrêta soudain. Il venait de voir ce qui lui semblait être l'une de ces divinités que le sorcier décrit certains soirs, gracieuse et légère comme le roseau au bord de l'eau. Son visage marqua l'esprit de Loup Dressé comme la vision des milliers d'étoiles au dessus de son village. Les cheveux de la jeune fille dansaient dans le vent semblant imiter le vol joyeux d'une hirondelle. Le jeune indien rêva tout à coup d'être un chasseur pour ramener mille fourrures à l'Hirondelle, et lui faire un lit. C'est alors qu'elle se tourna vers lui et lui sourit, comme on sourit à la vie. Loup Dressé se demanda si la jeune Hirondelle allait lui parler, si la jeune fille viendrait jusqu'à son village, si son père serait heureux de la rencontrer parce que c'est une Hirondelle Blanche.

Annexe à la série de texte précédent.



Figure du Rêve Américain.

La radio de la voiture débitait une chanson américaine, un peu porno, qui cachait le bruit dense du moteur de la vieille Ford. Je tapais le rythme avec mes doigts sur cet immense volant de bagnole américaine. Dehors, défilaient par les fenêtres ouvertes ces vastes plaines vertes américaines. Sur le siège passager traînait quelques cadavres de bouteille de bière américaine.
« She was hot ! » disait le chanteur.
« Hum, She was hot ! » répétait-il.
Je remontais sur mon nez les lunettes Ray-ban américaine acheté la veille. Dans le rétro apparu un biker américain sur une Harley Davidson. En me dépassant le bras bardé de tatouages me fit un signe, puis la moto américaine disparu devant moi, au loin, sur cette route américaine. Je cherchais dans ma poche de chemise un paquet de clopes américaines.
Soudain dans la prairie surgit une troupe de bisons sauvage courant à toute vitesse. Je me mis à imaginer tout autour d’eux les plumes et les chevaux des indiens d’Amérique. Ces « Peaux Rouges » superbe et magnifique incarnation de la terre américaine.
« Oh so hot ! » disait encore le chanteur.
« She was hot » répétait-il.
A la station service suivante, j’ai parlé avec un homme américain. En relevant son chapeau il me parlait de la musique américaine, et de sa toute première guitare américaine qu’il avait cassé un jour. Au resto, je pris, un hamburger américain servit par une serveuse blonde, elle mâchait un schwim-gum américain. Elle me fit un clin d’œil, je présume que …
« She was Hot » disait le chanteur !
J’ai payé l’addition en dollars américains et je suis sortie. Je songeais qu’il me restais encore pas mal de route pour arriver à l’autre bout du continent américain.

je pense que je vais continué avec un autre texte, la suite de ce voyage, du moins le thème du voyage américain, du voyage en Amérique.

Moi je veux la suite!!!

Figure du rêve américain # 2

Dans un de ces grands bus qui traverse le pays, je posais ma tête contre la vitre. Dehors, sur une de ces longues autoroutes défilait une nuit américaine. Au loin j'aperçevais les lumières de la ville. Les building aux fenêtres allumées semblaient vouloir monter encore pour se confondre avec les étoiles.
Le chauffeur bedonnant et moustachu, écoutait une radio d'information dont je ne comprennais qu'un mot sur deux.
Près de moi, le sosie de Marylin et de Nina Simone réunis s'étonnait : " Look, this man. I think he is a CIA's guy. "
Et je lui répondais : " No, I believe it's Moscow's eye. "
Tout près des sirènes se faisaient entendre dans le silence relatif.
" Vous savez je crois que je suis perdu. " dis-je à ma voisine. " je ne tiens ni à mon passé ni à un quelconque avenir, je suis ... "
Elle me regarda perplexe. Elle ne parlait pas un seul mot de ma langue. J'éclatais de rire. Alors, elle souria. Et me dit avec un accent de Louisiane :
" No words. just kiss me. " Un air furibard de Jazz raisonna dans ma poitrine dans ce bus dont je ne connaissait même pas la destination.